Introduction
Pour un dirigeant actionnaire, céder son entreprise ne signifie pas toujours tourner la page. L’OBO (Owner Buy-Out) offre une alternative stratégique : monétiser une partie de son patrimoine professionnel, tout en conservant le contrôle de l’entreprise et en préparant l’avenir.
Souvent sous-estimé, ce montage permet de répondre à plusieurs objectifs à la fois : sécurisation patrimoniale, maitrise de la fiscalité, transmission progressive ou encore financement d’une nouvelle phase de croissance.
Pourquoi réaliser un OBO ? Quels avantages concrets pour les dirigeants d’entreprise ? Décryptage d’un levier puissant au service d’une stratégie patrimoniale.
L'OBO pour débloquer des liquidités tout en gardant le contrôle
Le mécanisme : se vendre à soi-même via une holding
L'OBO repose sur un montage financier inspiré du LBO (Leveraged Buy-Out), mais adapté à une situation particulière : vous vous vendez à vous-même. Concrètement, vous créez une société holding à laquelle vous apportez une partie de vos titres de l'entreprise opérationnelle. Cette holding contracte ensuite un emprunt bancaire pour racheter le solde de vos parts. Vous encaissez immédiatement le produit de cette cession, tandis que la holding devient propriétaire de votre société opérationnelle.
La dette contractée par la holding sera remboursée grâce aux dividendes versés par votre entreprise, vous restez donc actionnaire majoritaire de la holding.
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Réduire son risque patrimonial par la diversification
Le danger de la concentration du patrimoine
En tant que chef d'entreprise, vous avez probablement consacré des années à développer votre société. Résultat : la quasi-totalité de votre patrimoine est concentrée dans cet actif unique. Vous vous exposez à un risque majeur, l’ensemble de votre patrimoine dépend alors de la santé d'une seule entité économique.
Répartir intelligemment ses avoirs
L'OBO vous permet de rééquilibrer votre patrimoine en transformant une partie de vos actifs professionnels en liquidités que vous pouvez réinvestir ailleurs. Avec les sommes récupérées, vous pouvez construire un patrimoine diversifié, que ce soit en termes de supports financiers (assurance-vie, compte-titre, PER…), ou de classe d’actifs (actions, immobiliers, produits structurés, private equity…).
Cette diversification ne se limite pas à la répartition entre différentes catégories d'actifs. Elle concerne aussi la géographie, les secteurs d'activité, et les horizons de placement. Cette stratégie est d'autant plus importante si vous approchez de votre âge de départ à la retraite.
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Se protéger d'un retournement conjoncturel
En diversifiant votre patrimoine grâce aux liquidités de l'OBO, vous vous constituez un filet de sécurité financière. Même si votre entreprise rencontre des difficultés dans les années qui suivent, vous disposez d'un patrimoine personnel diversifié qui vous assure une certaine indépendance financière. Cette sécurisation est particulièrement précieuse pour protéger votre famille et maintenir votre niveau de vie, quoiqu'il arrive à l'entreprise. L'OBO devient alors un véritable outil de gestion du risque patrimonial.
Profiter d'une fiscalité avantageuse
Les abattements pour durée de détention sur la plus-value
L'un des atouts majeurs de l'OBO réside dans son traitement fiscal particulièrement favorable. Lorsque vous cédez vos titres à la holding, vous réalisez une plus-value de cession qui bénéficie des abattements pour durée de détention. Si vous détenez vos titres depuis plus de 8 ans, vous pouvez prétendre à un abattement renforcé allant jusqu'à 85% sur la plus-value imposable, à condition que l'entreprise remplisse certaines conditions.
Même sans ces dispositifs renforcés, les abattements de droit commun restent attractifs : 50% d'abattement après 2 ans de détention et 65% après 8 ans.
Le régime mère-fille pour optimiser les dividendes
Au-delà de la fiscalité sur la cession initiale, l'OBO présente un autre avantage fiscal majeur concernant les flux futurs. Les dividendes que votre société opérationnelle verse à la holding bénéficient du régime mère-fille. Cela signifie qu'ils sont exonérés d'impôt sur les sociétés à hauteur de 95% (seule une quote-part de 5% est réintégrée dans le résultat imposable de la holding). Ces dividendes serviront principalement à rembourser l'emprunt contracté par la holding pour racheter vos titres.
Grâce à ce régime, la holding dispose d'un maximum de trésorerie pour rembourser la dette bancaire. Une fois la dette remboursée, vous pourrez continuer à bénéficier de ce régime favorable si vous souhaitez vous verser des dividendes de la holding vers votre patrimoine personnel.
Donner un nouveau souffle à son entreprise
Injecter des capitaux frais pour investir
L'OBO ne profite pas seulement au dirigeant sur le plan patrimonial, il bénéficie également à l'entreprise elle-même. Lors du montage, il est possible de prévoir qu'une partie des fonds levés (via la dette bancaire ou l'entrée d'un investisseur) soit directement injectée dans la société opérationnelle sous forme d'augmentation de capital ou de compte courant d'associé. Cette injection de liquidités offre à votre entreprise des marges de manœuvre financières qu'elle n'avait peut-être pas auparavant.
Ces nouveaux capitaux peuvent servir à financer des investissements stratégiques qui étaient jusqu'alors non-réalisés. L'OBO transforme ainsi une opération patrimoniale personnelle en un véritable levier de développement pour votre société.
Financer une stratégie de croissance externe
Au-delà des investissements organiques, l'OBO peut servir de tremplin pour une stratégie de croissance externe. De par l’entrée d’un fonds d'investissement minoritaire dans votre holding lors de l'OBO, celui-ci peut accompagner votre stratégie de croissance externe en mobilisant des capitaux supplémentaires pour des acquisitions d'envergure. Les fonds d'investissement disposent généralement d'une expertise reconnue en matière de fusion-acquisition et peuvent vous apporter un soutien précieux. L'OBO devient alors le point de départ d'une transformation stratégique de votre groupe.
Fidéliser vos managers clés par l'ouverture du capital
L'OBO offre également l'opportunité d'associer vos collaborateurs les plus stratégiques au capital de l'entreprise. Lors de la création de la holding, vous pouvez prévoir d'ouvrir une partie du capital (généralement entre 5% et 15%) à vos managers clés ou cadres dirigeants. Cette association au capital répond à plusieurs objectifs : fidéliser les talents essentiels au développement de l'entreprise, aligner leurs intérêts avec les vôtres en les faisant participer à la création de valeur, et préparer progressivement la relève managériale.
Cette ouverture du capital peut se faire selon différentes modalités : attribution gratuite d'actions, vente à prix préférentiel, ou mécanisme de management package avec effet de levier. L'important est de structurer cette ouverture de manière équilibrée, en conservant toujours le contrôle majoritaire tout en donnant à vos managers une participation significative qui les engage réellement.
Organiser sa transmission dans la durée
Une alternative à la vente brutale
Pour de nombreux dirigeants, l'idée de céder leur entreprise à un repreneur externe est psychologiquement difficile. L'OBO offre une alternative à la cession brutale en vous permettant de garder la main sur votre entreprise tout en amorçant une transition patrimoniale progressive.
Cette approche est particulièrement adaptée si vous n'êtes pas encore prêt à partir définitivement, mais que vous souhaitez déjà commencer à organiser votre sortie. L'OBO vous donne un horizon de 5 à 7 ans pour préparer sereinement la suite, identifier et former vos successeurs potentiels.
Préparer la transmission progressive de votre entreprise dans un cadre sécurisé
L'OBO constitue un levier puissant pour organiser une transmission familiale ou managériale dans des conditions maîtrisées. Si vos enfants travaillent déjà dans la société, ou si certains managers ont vocation à reprendre celle-ci, la structure de l'OBO permet d'intégrer leur montée en puissance dans un cadre sécurisé.
Plutôt que de transmettre directement des parts de la société opérationnelle avec les droits de mutation et les conséquences patrimoniales que cela implique, vous pouvez leur céder ou donner progressivement des parts de la holding. Cette approche limite la fiscalité immédiate et permet une transmission en douceur.
La durée classique d’un OBO, de 5 à 7 ans, correspond à la période nécessaire pour rembourser la dette de la holding via les dividendes de l’entreprise. Mais c’est aussi un temps précieux pour former vos futurs repreneurs, les associer aux décisions stratégiques, leur transmettre votre réseau, vos méthodes et votre vision. Vous restez aux commandes pendant toute la période, garantissant la continuité managériale et la stabilité du groupe.
À l’issue de cette phase, plusieurs options s’ouvrent à vous : céder progressivement vos parts de holding au repreneur identifié, racheter les parts du fonds si vous souhaitez garder le contrôle, ou accueillir un nouvel investisseur pour accompagner une nouvelle étape de croissance. Vous pouvez même décider de prolonger votre présence, désormais libéré de la contrainte de la dette.
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Les limites et risques de l'OBO à connaître
Le risque de surendettement de la holding
Malgré ses nombreux avantages, l'OBO n'est pas exempt de risques. Le principal danger réside dans le surendettement de la holding. En effet, celle-ci contracte un emprunt bancaire important (généralement entre 2 et 3 fois l'EBITDA de l'entreprise) pour racheter vos titres. Le remboursement de cette dette repose entièrement sur la capacité de votre société opérationnelle à générer des dividendes réguliers et suffisants. Si votre entreprise connaît une baisse de performance, subit une crise sectorielle ou traverse une période difficile, elle pourra difficilement distribuer les dividendes nécessaires au remboursement de la dette.
Dans ce scénario, la holding se retrouve en difficulté financière, incapable d'honorer ses échéances bancaires. Les conséquences peuvent être lourdes : restructuration de la dette avec des conditions moins favorables, obligation de céder des actifs pour rembourser la banque, voire mise en péril de l'ensemble du montage. C'est pourquoi il est absolument essentiel de réaliser un OBO uniquement si votre entreprise présente une rentabilité solide et récurrente, avec des perspectives de croissance ou au minimum de stabilité sur les 5 à 7 années à venir.
La dépendance aux performances futures
L'OBO repose sur un pari : celui que votre entreprise maintiendra, voire améliorera, ses performances dans les années qui suivent l'opération. Or, nul ne peut prédire l'avenir avec certitude.
Cette dépendance aux performances futures crée une pression supplémentaire sur vos épaules. Vous devez non seulement continuer à développer l'entreprise, mais aussi garantir qu'elle génère suffisamment de trésorerie pour servir la dette de la holding. Si vous aviez envisagé l'OBO comme une première étape vers une semi-retraite ou un désengagement progressif : l'opération vous engage au contraire à rester pleinement investi pendant toute la durée du remboursement. De plus, si vous avez récupéré des liquidités importantes lors de l'OBO et que vous les avez déjà investies ou dépensées, une dégradation des performances de l'entreprise pourrait vous mettre dans une situation patrimoniale délicate, avec une holding endettée adossée à une entreprise en difficulté.
Les situations où l'OBO n'est pas adapté
L'OBO n'est pas une solution universelle et ne convient pas à tous les profils d'entreprises ou de dirigeants. Plusieurs situations rendent ce montage inadapté, voire dangereux. Tout d'abord, si votre entreprise est en difficulté, présente des performances irrégulières ou évolue dans un secteur en déclin, l'OBO est à proscrire. La charge de la dette viendrait fragiliser davantage une situation déjà précaire. De même, si votre entreprise est trop petite (généralement en dessous de 500000 euros d'EBITDA), les coûts du montage peuvent être disproportionnés par rapport aux gains attendus.
L'OBO n'est pas non plus adapté si vous souhaitez partir rapidement à la retraite ou vous désengager totalement de l'entreprise à court terme. Ce montage exige que vous restiez aux commandes pendant au minimum 5 à 7 ans pour assurer le remboursement de la dette. Si votre priorité est une sortie rapide et définitive, une cession classique à un repreneur externe sera plus appropriée.
Dans tous les cas, l'accompagnement par des experts (conseiller en gestion de patrimoine, avocat fiscaliste, expert-comptable) est indispensable pour sécuriser l'opération.
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Conclusion
Loin d’être un simple montage financier, l’OBO s’impose aujourd’hui comme un véritable levier de stratégie patrimoniale pour les dirigeants. Il permet de transformer une partie de la valeur de votre entreprise en liquidités, sans pour autant abandonner les commandes. Il offre une souplesse unique : préparer une transmission progressive, impliquer des repreneurs, intégrer un fonds stratégique, ou encore financer un projet de développement.
Ainsi, l’OBO permet de réduire l’impact fiscal de la cession, de conserver une gouvernance stable et d’anticiper les grandes transitions de votre vie de dirigeant.

